Le fondamentalisme est un danger pour le Canada. Son origine a plusieurs sources, et lorsqu’il traverse la ligne entre la promotion d’idées et la violence, les autorités s’en mêlent. Des gens sont arrêtés, jugés et, si trouvés coupables, envoyés en prison. Malheureusement, ce qui semble être une solution peut en fait être le germe d’un autre problème. La prison est un terreau fertile pour le recrutement des terroristes et radicaux dans plusieurs pays étrangers. Si nous voulons éviter de créer trois terroristes chaque fois qu’on en emprisonne un, nous devons prendre des mesures préventives basées sur les expériences de nos alliés.
Le problème
Les gens incarcérés pour complot terroriste semblent à première vue bien différents de la population carcérale en général. Mais en Angleterre, en France, en Espagne ainsi qu’ailleurs en Europe, et plus récemment aux États-Unis, les autorités font face à une tendance alarmante. Les individus arrêtés pour violence terroriste ont souvent un casier judiciaire pour des crimes qui n’ont rien à voir avec le terrorisme, et ils ont eu leur premier contact sérieux avec des idées radicales alors qu’ils étaient derrière les barreaux. Les idéologies qui fomentent la violence politique peuvent offrir une structure et un sens à des gens qui mènent une vie désor-donnée tout en exploitant leur sentiment de désaffection et le fait qu’ils soient prêts à commettre des actes de violence. Permettre à ces idéologies de se répandre à l’intérieur de notre système carcéral est de la folie.
L’opportunité
Cette étude ne se veut pas alarmiste. Mais elle sonne tout de même l’alarme. Nous commençons à incarcérer des terroristes Canadiens et la radicalisation des prisonniers n’est pas encore un problème grave. Mais nos alliés ont démontré qu’elle peut se produire à une échelle suffisante pour causer des problèmes de sécurité majeurs lorsque les mesures pour l’empêcher ne sont pas prises. Du fameux « Shoe Bomber » Richard Reid à Muktar Said Ibrahim (attentat contre le métro londonien) en passant par Emilio Trashorras (attentat de Madrid) et le radical californien Kevin James, le scénario d’un cambrioleur ou trafiquant de drogue transformé en djihadiste en est un que les agences internationales de lut-te contre le crime connaissent bient. Ce scénario peut se produire ici si nous n’agissons pas.
Le danger
Si nous voulons éviter ce problème, nous ne pouvons prétendre être immunisés contre ce danger, et croire que notre situation géographique, notre politique étrangère bienveillante et notre société multiculturelle nous isolent de la menace terroriste ou des idéologies radicales. Nous avons déjà vu des complots terroristes, de l’attentat à la bombe contre le vol d’Air India au financement des Tigres Tamouls en passant par les « 18 de Toronto » et le présumé complot terroriste visant Ottawa. Les Canadiens sont également menacés par des organisations étrangères comme al Qaïda et al Shabab, en plus d’être la cible de recrutement terroriste. Pour les terroristes canadiens emprisonnés, la population carcérale peut sembler une population importante et vulnérable.
Nos recommandations
Les chemins menant au radicalisme et au terrorisme sont complexes et souvent particuliers, mais nous connaissons plusieurs facettes du processus de radicalisation et le profil typique des recruteurs terroristes potentiels. Combattre la radicalisation à l’intérieur des prisons canadiennes requiert une stratégie à facettes multiples qui isole les recruteurs, interdit aux extrémistes accès aux autres prisonniers, en plus d’exclure les fournisseurs radicaux de services religieux ainsi que les textes extrémistes des prisons. Nous devons aussi familiariser les gardiens de prison avec la radicalisation, nous assurer que les perceptions de discrimination qui soutiennent les croyances radicales soient éradiquées du système carcéral, en plus d’établir une stratégie de déradicalisation pour aider les terroristes canadiens à se désengager de la violence et à réintégrer la société. En apprenant de l’expérience de nous alliés, nous pouvons réduire le risque que nos pri-sons servent à la multiplication du nombre de terroristes.
Le temps d’agir
Le fait que la radicalisation des prisons ne soit pas encore un problème au Canada doit nous inciter à agir rapidement, pas à être complaisants. Notre gouvernement devrait apprendre des succès et des échecs des autres afin de nous prémunir contre ce danger. Prévenir la radicalisation et le recrutement à l’intérieur (et à l’extérieur) des prisons est le meilleur moyen de protéger les Canadiens contre le terrorisme.