MLI’s recent paper “Busting the myths surrounding development of Canada’s natural resources” by Philip Cross is featured extensively in this analysis piece by La Presse. The paper continues to receive attention from media and policy makers for dispelling many of the common misconceptions about Canada’s natural resources that affect public policy decisions. Article is in french.
Les ressources naturelles ont mauvaise mine
La Presse+RUDY LE COURS, mardi 4 juin 2013
Alors que le prix de plusieurs produits de base fléchit parallèlement au ralentissement économique observé dans les économies émergentes, les vieux préjugés à leur endroit refont surface. Une économie axée sur les ressources naturelles a peu d’avenir, selon les uns, tandis que d’autres soutiennent qu’elles accentuent les inégalités régionales ou diminuent sur une longue période les termes de l’échange, c’est-à-dire le pouvoir d’achat des consommateurs.
Dans un texte polémique intitulé Six mythes entourant le développement des ressources naturelles (notre traduction), le chercheur Philip Cross, de l’Institut Macdonald-Laurier, déboulonne de vieilles idées encore considérées comme des vérités. Il en arrive à la conclusion que leur développement a solidement contribué à l’essor du Canada depuis ses tout débuts. Voyons sa démarche.
Premier mythe : Les prix des ressources naturelles restent à la traîne des prix des importations canadiennes.
En fait, les prix des ressources ont augmenté davantage que ceux des biens manufacturés depuis 1867. Il en résulte que les matières premières que nous vendons rapportent plus que les biens fabriqués que nous importons. La mondialisation a même accéléré cette tendance qui stagnait depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Au final, le revenu intérieur brut, une mesure du pouvoir d’achat, augmente plus vite que la taille de l’économie, le PIB. M. Cross fait aussi observer que les cycles des produits de base sont moins aigus que ceux de la fabrication ou de la construction.
Deuxième mythe : La demande de ressources naturelles est extrêmement cyclique, ce qui nourrit l’instabilité de l’économie.
M. Cross donne les exemples du boom des technologies de l’information et des télécommunications (TIT) durant les années 90 et de leur krach au tournant du millénaire ainsi que de l’effondrement de l’industrie automobile durant la dernière récession. Durant les trois dernières récessions (1982, 1990-1991, 2009), le recul moyen de la fabrication et de la construction a été de 12,0 % et 13,3 %, respectivement, alors que celui des ressources naturelles a été limité à 3,0 %. L’explication réside dans le fait que l’exploitation des ressources exige beaucoup plus de capital. Dans un creux de cycle, ce sont les prix (et les profits) qui s’effondrent davantage que la production. S’ensuit avant tout un repli des investissements, davantage que la multiplication des licenciements. Enfin, les cycles des ressources ne sont pas symétriques.
Troisième mythe : Les exportations canadiennes sont dominées par les matières premières ; les importations, par les produits finis.
De 1988 à 2003, la valeur des importations de ressources naturelles représentait 20 % du total. C’est aujourd’hui 27,8 %. Celle des exportations est passée de 46,2 % en 1988 à 51,0 %. Bref, l’écart rétrécit. Si on examine les volumes, ceux des importations sont en hausse de 31 % depuis 2002, contre 8 % seulement pour ceux des exportations. « Jamais la base des exportations n’a été aussi diversifiée que maintenant, précise M. Cross. Aucun produit ne pèse plus de 25 % des exportations totales. »
Quatrième mythe : Les ressources naturelles expliquent en grande partie les inégalités régionales.
Toutes les provinces comptent sur leurs richesses naturelles (minières, énergétiques, forestières et agricoles). Leur répartition provinciale n’est pas plus inégale que celle des usines. En fait, la mise en exploitation des ressources pétrolières en Saskatchewan et à Terre-Neuve-et-Labrador a diminué les écarts de taux de chômage entre les provinces en favorisant les migrations interprovinciales. À l’opposé, la trop grande dépendance de l’Ontario sur son secteur de la fabrication (auto et TIT, surtout) en fait désormais un récipiendaire de paiements de péréquation.
Cinquième mythe : Les ressources technologiques présentent un déficit technologique.
L’époque des pioches et des pelles est révolue depuis belle lurette. L’exploitation des ressources, y compris l’agriculture et la pêche, repose sur des technologies de pointe, peut-être les plus sophistiquées de toute l’économie. Le fonctionnement d’une plate-forme de forage ou l’extraction des sables bitumineux en sont de beaux exemples, malgré la mauvaise réputation des hydrocarbures. Mais on peut parler aussi de l’hydrométallurgie conçue au Canada pour exploiter le gisement de cuivre, de nickel et de cobalt de Voisey’s Bay, au Labrador. Les ressources naturelles attirent en grand nombre une main-d’oeuvre qualifiée et pourraient en employer davantage, car il en manque.
Sixième mythe : La mise en valeur des ressources naturelles limite la croissance dans d’autres secteurs, notamment dans la fabrication.
Il y a une dimension de rattrapage dans les investissements dans les ressources depuis le début du siècle. Ils avaient fondu durant les années 90 au profit du secteur manufacturier qui misait sur la faiblesse du huard. Ailleurs au sein du G7, l’emploi manufacturier s’était replié. La récession de 2008 a corrigé cette singularité. L’investissement dans les ressources a généré des emplois dans le secteur financier avec le poids des minières dans l’indice S&P/TSX (Bourse de Toronto). Les architectes et les ingénieurs préparent les chantiers, alors que les avocats rédigent des contrats d’exploitation ou de participations au capital. Sans compter toute l’activité commerciale que génère l’exploitation des richesses naturelles. Quant à ceux qui croient toujours au Mal hollandais, M. Cross leur rappelle que le déclin des industries automobile et forestière durant la récession a aussi été présent aux États-Unis dont la monnaie se dépréciait.